Francis Chaillet, entrepreneur né
Il vient d’une cité HLM de Maubeuge et n’a découvert Paris qu’à la fac. A 37 ans, Francis Chaillet a fondé Grande Plaine, une marque de ” prêt-à-porter grand public “.
Déterminé et audacieux, il espère bien concurrencer les grandes marques. A la tête d’une société dans l’industrie de la musique, il est désormais ce que l’on appelle un cumulard.
Son univers, c’était la musique. Mais aujourd’hui, Francis Chaillet fait les yeux doux à la mode. Au prêt-à-porter, précisément.
Il y a deux ans, il a fondé Grande Plaine, une marque de prêt-à-porter symbolisée par un bison. L’idée lui vient à New York, où il a habité quatre ans. ” Le projet est né aux Etats-Unis. Ce secteur, ce n’était pas du tout mon univers “, confie t-il.
Mais les choses évoluent dans la vie. “ A la base, j’étais DJ et j’avais lancé une boite spécialisée dans les droits d’auteur “. Une fibre, à la fois, artistique et entrepreneuriale qui vont l’aider à concrétiser son idée.
Action-réaction
Et si son projet est encore flou à ce moment-là, il sait une chose. : “dans la musique, tu es toujours attiré par les vêtements mais je voulais faire quelque chose d’original. Je voulais quelque chose d’original et sortir de l’étiquetage urbain dans lequel j’avais été cantonné”.
Aux Etats-Unis, son esprit d’entreprendre est en effervescence. Ses ambitions se précisent à mesure que les brainstorming avec son épouse s’enchainent. “Je suis allé vers quelque chose d’universel qui s’adresse aux clients de 6 à 80 ans !”.
Surprenant, il choisit un logo avant même d’avoir trouvé le nom de la marque. « Cet animal qui symbolise la liberté, associé “dans l’imaginaire collectif à la force et au caractère”.
Le nom de la marque “Bison” semblait tout trouvé. Mais un exploitant a déjà déposé le sigle. Pas vraiment étonnant dans le pays des grands espaces.
Qu’à cela ne tienne, Francis Chaillet reste sûr de lui. Surtout, Agnès, son épouse, a du flair. “C’est elle qui a trouvé le nom Grande Plaine”, lance t-il, fière d’elle. L’entrepreneur est séduit. “C’était parfait, ça sonnait bien”. L’aventure démarre.
Lancement monégasque
D’abord avec les proches. ‘J’ai commencé à vendre à mon entourage, aux amis avant de décrocher un point de distribution”. Pas à New York mais à Monaco, dans un hôtel.
Entre temps, le couple est rentré en France. “On a un petit corner, aux côtés, de Versace ou d’autres marques réputées”, se réjouit-il. Une belle avancée pour ce jeune entrepreneur qui doublé son chiffre d’affaires par rapport à l’an dernier.
Méthodique, il déroule son plan stratégique au millimètre. “On va chercher un agent commercial, développer la distribution et prospecter pour une levée de fonds. On est clairement dans une logique d’extension”, déclare t-il.
“Il nous faut des fonds pour permettre à l’entreprise d’avancer d’autant que nous sommes dans un secteur très concurrentiel”. Une levée de fonds qu’il compte bien réussir. « C’est le début, on est content, on enchaine les rendez-vous pour trouver les bons partenaires ».
Le trentenaire, pourtant novice dans le secteur, en a l’intime conviction. Grande Plaine peut marcher.
“l y a certes les concurrents comme Lacoste ou Ralph Lauren mais quelque part, ils ont déblayé le terrain”.
“Quand tu as quelque chose de qualité, les gens adhèrent”, analyse t-il. Et puis, il le précise bien, “nous produisons européen, en Pologne pour des raisons de coûts- il n’y pas de frais-mais aussi pour des raisons éthiques”.
Do-it.
L’homme croit en sa marque. Il s’est même trouvé une vocation. “C’est moi qui fait le stylisme. Je module en fonction de mes goûts. Grande Plaine, c’est la marque que j’aimerai porter”, s’amuse t-il.
Et d’ajouter “on est mieux que Ralph Lauren en termes de qualité et moins cher”. L’argument semble imparable.
Un bagout qu’il a certainement acquis dans l’industrie de la musique.
Cité populaire et ambition
Il grandit à Maubeuge, “dans une cité HLM Classique”.
Son père est peintre en bâtiment, sa mère au foyer. Le jeune Francis a déjà des rêves. “Quand on vient de Maubeuge tout le reste est beau !”, lâche t-il, plein d’autodérision.
Une origine modeste qui le pousse rapidement se lancer dans l’arène. “J’étais DJ à 12/13 ans pour mes amis”, se souvient-il. Il mixera ensuite dans des clubs mais l’envie de faire son propre disque prend le dessus.
“Avec deux amis, on monte Get large production. On s’envole aux USA pour trois mois. On a démarché des maisons de production”.
L’audace et le travail paient. “On a sorti quatre albums sans connaître le succès commercial”, pour autant. Le trio peine à gagner sa vie.
Ils le savent, l’argent fourmille dans le domaine des droits d’auteurs. “Je monte alors ma boite Young 6. J’ai engagé un compositeur, un parolier américain”. Il fait bien.
Le succès pointe le bout de son nez. M Pokora, Amel Bent, Soprano, Booba…autant d’artistes pour qui il assure la composition musical. “J’ai même signé chez Emi music”.
Une réussite qu’il garde précieusement. “J’ai toujours cette boite. D’ailleurs, elle m’a permis de financer Grande Plaine”
N.H-M