#Edito Faut-il faire taire Éric Zemmour?
[#Audio]
Nadia Henni-Moulaï vous propose chaque semaine un édito sous forme audio. Deux minutes pour prendre du recul sur un fait d’actualité. Cette semaine, retour sur Éric Zemmour, la promotion de son livre et les médias.
Si Éric Zemmour est responsable de ses écrits et de ses paroles, les médias de masse le sont tout autant de son rayonnement.
N’a-t-il pas accompagné l’émergence médiatique d’Itélé, (devenu Cnews) ou d’une émission phare du service public à à savoir On n’est pas couchés ?
Il a respectivement passé 10 et 5 ans sur ces antennes… Des années d’antenne où peu de contradicteurs solides lui ont été opposés.
> Écoutez l’audio ici :
Et, c’est bien là le problème.
Si un journaliste est bien dans son rôle lorsqu’il interviewe Zemmour, la déontologie voudrait qu’il lui oppose un contradicteur solide, fiable, qu’il fasse un travail de factchecking, également.
Or, Zemmour, nos médias, biberonnés aux subventions publiques, lui ont déroulé le tapis rouge pendant des années sans chercher à déconstruire ses arguments.
Peut être aussi parce que ces mêmes médias se sont reconnus dans la pensée zemmourienne sans vraiment l’assumer.
Pas étonnant donc qu’il soit devenu cette star de librairie grâce à ces supports médiatiques.
Doit-on rappeler que son livre Un suicide français, son livre sorti en 2014. Il a bien été propulsé par ces mêmes médias.
Et puis, Zemmour est l’autre face d’un système médiatique dont le souci premier n’est pas l’information mais le profit. Voyez les chiffres de la concentration des médias en France, détenus en majorité par 8 ou 9 industriels…
C’est Xavier Niel qui lançait : “Quand les journalistes m’emmerdent, je prends une participation dans leur canard et ensuite ils me foutent la paix “. Rien de mieux pour pérenniser les stéréotypes dans l’opinion publique en uniformisant la pensée
Et dans cette course au profit, les principes de la Charte de Munich ont depuis longtemps été sacrifiés. Au grand dam de nombreux journalistes anonymes pris en tenailles entre amour du métier et nécessité économique.
Alors ne nous y trompons pas. Éric Zemmour n’est pas la cause. C’est le symptôme d’un système médiatique malade où le racisme le dispute au profit.
Alors plutôt que de regarder le doigt, il serait peut-être temps de regarder la Lune, comme le suggère le fameux proverbe chinois. Après tout, nous avons les médias que nous consommons. Et même que nous finançons.
Nadia Henni-Moulaï