Yasmine Ouirhrane, influenceuse internationale
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Nous l’avons rencontrer bien avant qu’elle ne remporte le prix de la « Jeune européenne de l’année 2019 », remis par la fondation Shwarzkopf. Rencontre avec Yasmine Ouirhrane, européenne de coeur et d’action.
Aujourd’hui dans un café de La Défense. Demain, Yasmine Ouirhrane à New York.
“J’y vais pour l’Assemblée générale des Nations Unies High Level Meeting (24 septembre 2018).
Je cherchais une opportunité de travail. J’ai eu la chance d’être sélectionnée.”
Pas pressée pour autant, la jeune femme de 22 ans prend le temps de raconter ce qui l’a conduite à cette ascension rapide.
L’Italienne a déjà tout d’une émissaire maîtrisant les subtilités des relations internationales, sa spécialité.
Et pour cause, Yasmine Ouirhrane rencontrera le Secrétaire Général des Nations Unies pour le lancement de la Youth Strategy, dans la ville qui ne dort jamais.
Speaker, la jeune femme a été invitée à prendre la parole, lors de l’événement organisé Women Deliver.
Au même titre que Julia Gillard, 27e Première ministre australienne et présidente du conseil d’administration du GPE ou encore Marlène Schiappa, Secrétaire d’état française, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes.
En master relations internationales à Sciences-Po Bordeaux, elle passe un double diplôme, en partenariat avec une université en Californie.
Yasmine maîtrise, aujourd’hui, l’anglais. Et l’Italie, reste un point d’ancrage. Elle y retourne une année sur deux.
Née d’une mère italienne et d’un père marocain, la jeune femme a vécu 7 ans en France.
Un mélange qui lui permet de jongler entre 3 langues supplémentaires : français, espagnol et le dialecte marocain.
« On m’a beaucoup dit : Yasmine, tu as un background, tu es immigrée… Je me suis lancée des défis, de part mon apparence aussi. J’ai toujours essayé de tripler mes efforts, » explique-t-elle.
Pour elle, rien n’est question de chance. « Il faut savoir provoquer les opportunités. »
Elle s’investit pour« l’inclusion sociale des nouvelles générations de fils d immigrés » , en particulier des jeunes femmes, en Europe.
Avec un focus sur leur autonomisation en tant que stratégie de lutte contre l’extrémisme violent sous toutes ses formes.
C’est ce qu’elle a fait avec sa première expérience au niveau international au Young Selection Comity (ndlr. Concours pour les moins de 30 ans).
Yasmine est chargée de sélectionner des jeunes projeteurs de projets à l’international, lors du Youth Selection Committee – UN Solutions Summit.
En 2016, la FAO (ndlr. Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), -via la SIOI UNA Italy- lui décerne un prix pour son projet autour du développement durable, à l’occasion du Zero Hackathon, à Rome.
« Ce prix m’a permis d’étudier à Rome, rencontré Federica Mogherini, Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
« Je me suis donc engagée un peu par hasard au Parlement européen. »
L’un des principaux résultats de son travail l’a vu conduire une délégation d’étudiants défavorisés, invitée à l’European Youth Event 2018, parrainé par le Parlement européen.
En 2017, elle a participé à « Une marche pour l’Europe », (ndlr. «La rencontre des jeunes Européens»). Yasmine a même fait la Une d’Euronews.
Tout un symbole pour elle.
« Une fille d’apparence arabe, aux couleurs européennes. Même les journalistes étaient étonnés de ma présence. Je me suis sentie encore plus motivée de porter haut cette voix pour l’Europe. Je vis en France et en Italie à la fois, je me sens totalement européenne. »
Actuellement, elle travaille au service d’une représentation permanente aux Nations Unies.
Avec le recul, elle reconnaît que son « côté multiculturel a fait la différence. Cela a suscité une réelle curiosité et j’ose… j’essaye de faire ma place. »
Son objectif : inspirer d’autres jeunes femmes
Permettre aux jeunes de s’émanciper, inspirer les jeunes… Yasmine continue à œuvrer pour l’éducation et l’inclusion des jeunes notamment, les enfants d’immigrés en Europe, dans le processus de paix.
L’an dernier, elle a reçu un prix pour les jeunes femmes investies pour la Gender Quality.
Il lui assure de participer à des panels de discussion, en 2019, au plus grand Summit sur le sujet à Vancouver, avec, entre autres, Justin Trudeau, Premier ministre du Canada.
“La conjonction des forces est super importante. Je suis motivée, je n’ai pas le choix, je me dis que je me dois de porter la voix des jeunes femmes qui ne peuvent pas» être entendues.
Pour elle, le pouvoir des jeunes, c’est aussi une certaine « naïveté », « une énergie qui nous donne un élan. »
Son ambition : développer un projet en Italie. « Le problème d’immigration est toujours prégnant. Mon père est une grande inspiration pour moi.
Il est commerçant, il a vécu beaucoup de racisme, qu’il dénonçait dans les journaux locaux. »
Aujourd’hui, Yasmine a réussi le pari de faire de ses différences des atouts. « Les profils différents sont très d’actualité.
Ce que je trouve extraordinaire, c’est que les jeunes sont plus que jamais en train de s’engager pour atteindre leurs objectifs. » Et comme elle, porter haut et fort leurs voix.
Sarah Hamdi