La banque : le pouvoir perdu de la République
MeltingBook vous propose, chaque semaine, sa sélection de Thread Twitter. Aujourd’hui, celui d’Anice Lajnef (@Anice_L), ancien responsable trading dérivées actions dans plusieurs grands établissements financiers. Il y dénonce notamment une prise en otage de notre démocratie par une minorité de privilégié.
[Thread sur les banques]
Quand Montesquieu écrit De l’esprit des lois au XVIIIe siècle, il ne sait pas encore que les générations futures vont abandonner un quatrième pouvoir entre les mains d’institutions privées, les banques.https://t.co/SbKK1DhFB0— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Sans contre-poids, ce pouvoir manquant de la République va causer une concentration de richesse sur une minorité, qui contrôlera la classe dirigeante, pourtant élue démocratiquement par le peuple.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Notre économie hyper-financiarisée montre de plus en plus ses limites. Certains hommes politiques surfent sur les frustrations des masses pour critiquer avec des termes vagues notre modèle économique.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
La finance, le capitalisme, ou le libéralisme sont pointés du doigt pour haranguer la colère du peuple. Mais cette personnification du système est dangereuse, car elle épargne les responsables qui continuent de profiter du statu quo dans l’ombre.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Ce ras-le-bol social est nourri par le sentiment que notre économie financiarisée pousse au consumérisme et au productivisme, dangereux pour la planète. Le sentiment aussi que les inégalités de richesse sont exacerbées.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Les masses sont témoins de la prise en otage de notre démocratie par une minorité de privilégiés, et que les hommes politiques que nous élisons, sont soit complaisants avec cette minorité, soit impuissants.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Ce sont ces ressentis qui sont exploités par les mouvements populistes. Le peuple se sent lésé, et il veut naturellement reprendre la main.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Notre démocratie est donc malade d’un glissement de pouvoir, qui fait des gens que nous élisons, les pantins d’hommes de pouvoirs issus de la sphère économique et financière.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Pour être plus précis, notre économie financiarisée concentre au fil du temps les richesses sur une poignée d’individus qui finissent par prendre le dessus sur nos dirigeants politiques.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Nos démocraties reposent sur la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire), théorisée par John Locke et Montesquieu, au XVIIIe siècle.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Or au début du XIXe siècle, un quatrième pouvoir va être institutionnalisé : celui de la création et de la gestion de la monnaie.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Alors que les trois pouvoirs historiques sont sous la surveillance du peuple, qui par voie démocratique continue de les contrôler, le quatrième pouvoir est entre les mains d’institutions privées.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Certes la banque de France a été nationalisée en 1946, il n’en reste pas moins que 90% de notre monnaie est créée par les banques privées lors de l’octroi d’un crédit.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Ce privilège énorme de créer de la monnaie, est une source de profits considérable pour les banques et leurs actionnaires. Cependant, celles-ci ne payent aucune redevance en échange de cette licence.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Pire, alors que la monnaie est d’intérêt général car elle régit l’économie du pays, les banques privées ne doivent rendre aucun compte au peuple sur son action.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Vu sous un autre angle, la monnaie qui est créée au moment de l’octroi d’un crédit, est une actualisation au présent, des richesses créées par le pays dans le futur.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Dans ce cas, de quel droit des institutions privées peuvent choisir seules, quels seront les acteurs de cette création de richesses ?
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
On peut aisément penser que par la voix du peuple, ce quatrième pouvoir doit être transparent dans le choix de ses clients et des projets qu’il finance : nous le peuple, voulons une création monétaire qui soit investie dans l’économie réelle.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Nous le peuple, nous ne voulons pas que la monnaie créée par ce quatrième pouvoir, contribue à la spéculation boursière qui fragilise notre économie par des crises, dont le peuple finit toujours par payer le prix.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Nous le peuple, refusons que notre monnaie commune serve la spéculation immobilière qui appauvrit les ménages, rallonge les durées de crédits, et crée une génération vouée à la location.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Nous le peuple, nous ne voulons surtout pas que notre monnaie commune finance des projets pollueurs pour notre planète.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Nous le peuple, nous nous opposons à ce que les banques exacerbe les inégalités de richesse en facilitant l’accès au crédit aux riches, et en accablant les plus démunis d’entre nous par des frais bancaires exorbitants.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Nous le peuple, nous nous opposons à ce qu’un seul homme* emprunte plus de 50 milliards d’euros pour bâtir un empire économique colossal, et étende son influence en rachetant nos médias. (*Drahi)
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Nous le peuple, nous ne voulons pas que ce quatrième pouvoir crée de la monnaie pour financer des OPA destructrices d’emplois.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
La liste est longue sur ce que le peuple peut imposer à nos banquiers. Il n’est pas question de nationaliser cette activité bancaire. Il est juste question de reconnaître son pouvoir et de surtout l’intégrer dans nos institutions républicaines.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Ainsi, une fois sous le giron de notre République et de notre constitution, le peuple pourra dessiner les contours de ce quatrième pouvoir démocratiquement, et lui donner toute la place qu’il mérite, dans la transparence, et l’indépendance. Exactement comme les autres pouvoirs.
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Il n’est pas question de faire de ce pouvoir notre ennemi, mais notre allié. D’ailleurs, ce mouvement populaire pourrait être une réponse aux maux contemporains de nos sociétés ?
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018
Cet élan de démocratie peut être une réponse aux tentations nationalistes, et plus largement à tous ces mouvements qui cherchent la polarisation de la société.
Novembre 2018
Anice Lajnef
— Anice (@Anice_L) 9 novembre 2018