Abdel et la chocolaterie
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Envoûtant. Qui n’a jamais trouvé le réconfort dans un carré de chocolat nous jette la première fève… Le cacao semble avoir un côté magique. Son chocolat, Abdel l’a voulu plein de mystère et de goût. Dans son laboratoire-boutique situé à Evecquemont, village de 813 habitants, la magie opère.
Lors d’un atelier dans une maison de retraite, une dame de 93 ans avait du chocolat sur la main.
“Elle a léché son doigt et m’a dit : j’ai fait un bond de 80 ans en arrière. Ce jour-là, j’ai réalisé que je faisais un métier de magicien,” se souvient Abdel.
Une gourmandise communicative
Sa passion, Abdel ne la garde pas pour lui. Il sillonne l’Ile-de-France avec ses petits moules et ses culs de poule.
Il anime régulièrement des ateliers avec des mamans à Aubergenville, ou encore au Val Fourré, à Mantes-la-Jolie. Parmi ses publics des participants de tout horizon : des seniors, des enfants, des entreprises, etc.
En décembre 2012, il fait son premier marché de Noël. Trois mois après le début de sa formation, il vend ses propres chocolats :
« J’ai gagné quelques centaines d’euros de chiffre d’affaires. Ça a été encourageant, les gens du village venaient frapper à ma porte ».
« Manger du chocolat, ça éloigne le docteur !»
Aujourd’hui, Abdel a 40 ans. Il a lancé sa propre marque « L’Artisan du Chocolat ». Où ? Ne le cherchez pas dans la capitale…
À Evecquemont, où il s’est installé, depuis plusieurs années. « L’antagonisme m’a plu. C’est une petite chocolaterie, dans un village, ouverte vers le monde. »
Après 8 ans en tant que directeur de magasin de sport, rien ne prédestinait pourtant Abdel à un avenir d’alchimiste du cacao.
En 2012, Abdel quitte alors son travail et un certain confort, pour unereconversion professionnelle sucrée. « J’avais fait le tour. J’ai décidé de changer complètement de voie. », explique-t-il.
« Je suis un gourmand dans l’âme. J’ai toujours aimé les bonnes tables », sourit Abdel.
D’où lui est venu ce déclic chocolaté ? « Le choix de ce produit s’est fait avant tout par goût. C’est un produit de longue consommation : il n’y a presque pas de pertes, contrairement à la pâtisserie. »
« J’ai répondu à une annonce destinée aux personnes qui ne sont pas issues du sérail à la Maison du chocolat ». De septembre 2012 à 2013, il travaille à obtenir son CAP chocolatier confiseur.
Dans l’absolu, il aurait pu rester là-bas en tant qu’ouvrier-chocolatier. Mais Abdel a la bougeotte. Son CAP en poche, il devient membre de la « Confédération des Chocolatiers Confiseurs de France », en 2015.
« J’ai voulu me lancer complètement dans le chocolat à 35 ans et, depuis, ma soif d’apprendre a pris le dessus. »
Ce qui caractérise Abdel : sa curiosité. « Quand je suis rentré en formation, je n’y connaissais rien, je suis sorti, j’avais appris davantage… Mais j’en voulais plus ! »
Abdel s’envole alors avec son sac à dos, son appareil et ses cahiers de recettes.
Avec une obsession. Connaître le cacao sous toutes ses coutures.
« La logique voulait que j’aille dans les pays producteurs. Je voulais voir à quoi ressemblait un cacaoyer, apprendre par moi-même toutes les étapes de production.
Découvrir pourquoi à la base, on a un arbre et comment cela devient un chocolat aussi savoureux !»
Ce qu’on appelle dans le jargon : le « bean to bar » : « De la fève au chocolat ».
Abdel reste un mois sur place avec les producteurs. Il séjourne alors dans une « finca » (ndlr : une ferme d’agrotourisme).
De la Tanzanie au village d’Evecquemont
Ce qui caractérise aussi Abdel : son côté globetrotteur. L’Equateur ne sera qu’une première étape.
Le chocolatier peut se targuer d’avoir séjourné longuement chez les cacaoculteurs d’Indonésie, de Zanzibar, de Tanzanie, du Brésil, de Bolivie, du Cameroun et de Cuba.
S’il ne transforme pas lui-même les fèves en chocolat, Abdel sillonne le monde à la recherche de nouvelles saveurs et d’associations de crus. « Je reviens toujours avec une idée de recette. »
Abdel a voulu fabriquer un chocolat du terroir et respectueux de l’environnement : « je déteste le gaspillage », insiste le professionnel.
Un écho à son slogan et son humour : « Préservons la terre, c’est la seule planète où il y a du chocolat. »
Parmi ses pépites gourmandes : le « miel au chocolat ». Un coup de cœur au Salon du Chocolat, cette année, puisqu’Abdel était le seul à présenter un tel produit.
Cette idée d’association, il l’a eu en travaillant avec Frédéric Ferblantier et Teresa Collins, un couple d’apiculteurs parmi ses voisins.
L’artisan se fournit chez ses amis et voisins Episcomontois, (ndlr : habitant du village d’Evecquemont) producteur des « Miels d’exception ».
« On ne s’interdit rien. »
Autre produit phare : ses « Noisettes de l’Evêque », une truffe pralinée. Une version revisitée de la légendaire truffe ganache, mais réalisée, cette fois, avec un excellent praliné noisettes à l’ancienne.
« Le défi de ce produit est de réconcilier les gens avec la truffe tout en les prenant à contre pied, car tout le monde s’attend à la texture d’une truffe classique.
J’allie poudre cacao, praliné, crêpe dentelle et fleur de sel. Une bouchée gourmande qui allie croquant, croustillant et moelleux à la fois… Le terme qui revient le plus souvent ? Une tuerie ! »
Avec L’Artisan du Chocolat, Abdel veut partager un état d’esprit. « On ne s’interdit rien et on fait des produits sur-mesure.
Si quelqu’un me dit : j’aime le basilic, et bien pourquoi pas : on teste ! »
Son objectif ? Faire de sa marque une franchise. Et dupliquer des Artisans du chocolat, dans d’autres villages de France.
Et de conclure : “c’est le côté universel que j’ai envie de partager.” Un savoir-faire du chocolat. Et un savoir-être généreux.
Par Sarah Hamdi
Informations pratiques :
L’Artisan du Chocolat, 23, rue de Chollet, 78740 Evecquemont.
Abdel vous donne rendez-vous sur les marchés de Noël, le9 décembre 2018, au marché de Noël d’Evecquemont.
Horaires :
Mercredi : 9h – 12h / 14h – 19h30
Vendredi : 14h – 20h
Samedi : 9h – 12h / 14h – 19h30
Dimanche : 10h – 14h
🚪Boutique Atelier : 23, rue de Chollet 78740 Evecquemont
📞 +339.83.30.63.76
📲 +336.62.72.19.77
📩 contact@lartisanduchocolat.fr
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