Clément Ben Hammou : « On veut montrer que le bio est accessible à tous »
Co-fondateur de « Label place », Clément Ben Hammou veut faire du bio et du sans gluten des produit que chacun d’entre nous peut avoir dans son assiette.
Import-export du quinoa, création de la marque Keïal, Clément veut aujourd’hui s’inscrire dans l’actualité en questionnant les candidats à l’élection présidentielle sur leur projet pour le bio en France.
Les épisodes de « votez bio » vivent au rythme de la campagne depuis le 17 mars sur Youtube. Portrait.
Loin du chef d’entreprise costard-cravate, coupe au gel, Clément Ben Hammou se présente dans un style décontracté et classe. Le jeune homme de 32 ans nous accueille dans ses locaux à Montreuil, fait visiter les lieux qu’il partage avec d’autres entreprises. La situation est temporaire.
Direction la salle de réunion, au calme. Son ordinateur est à porté de main, il y jette un œil de temps en temps. Comptable de formation, Clément a commencé dans la vie active en travaillant pour le cabinet d’audit CAP MG.
À peine la vingtaine, il peut compter sur une chose, son bagage universitaire solide : titulaire du Diplôme d’études comptables et financières (DECF) et de l’École supérieure de commerce (ESC) de Rouen. Il peut se vanter d’avoir passé un semestre au Japon grâce à l’ESC, « j’avais l’opportunité de faire beaucoup de choses ».
Seulement, cela ne suffit pas. Clément a des envies d’ailleurs « ça faisait longtemps que j’avais pas eu de vrais défis, je voulais me prouver que je pouvais faire autre chose que du marketing ».
Il se remet en question, et se lance dans l’enseignement. En 2012, il devient professeur de comptabilité au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) à l’école Vaucanson.
La même année, il est contacté par un ancien collègue de CAP MG qui le recommande au club de football du Paris-Saint-Germain. Le club de football vient d’être racheté par le Qatar, ses nouveaux dirigeants cherchent un consultant financier.
Clément remporte la mission et devient consultant financier à titre indépendant. 2012 aura été une année marquante pour lui, mais le jeune homme ne se doute pas que son avenir prendra une autre direction un an plus tard…
Les premiers pas dans l’entrepreneuriat
Avant de créer « Label Place », Clément avait déjà monté une première entreprise qui n’a survécu que six mois. Avec un ami ingénieur, il avait mis en place un projet ciblé dans les télécoms. Le processus est lent et ne l’emballe, « les télécoms n’étaient pas vraiment une passion ».
Un jour, il est contacté par son ami Rachid Messaoudi, lui-même entrepreneur. Il lui propose de créer une entreprise d’exportation de produit français à l’international.
Quelques mois plus tard, le voilà embarqué dans une nouvelle aventure, l’entreprise est créée et se nomme « Label place ». « On a resserré le projet sur l’agroalimentaire», ajoute-t-il. L’entreprise se concentre dans ses débuts à l’achat, export et vente de produits de marque française.
Clément et Rachid, associés avancent progressivement pour monter leur affaire jusqu’à cette rencontre avec un investisseur russe. Clément lui présente son entreprise et son projet. La rencontre le laisse perplexe, son interlocuteur réagit à peine lorsqu’il lui présente son entreprise.
Deux semaines plus tard, il reçoit un appel d’une personne parlant anglais avec un accent russe. Clément le reconnaît tout de suite, cet investisseur lui passe une commande de confiture pour un montant d’une centaine d’euros dans un délai très court. Label place s’exécute et se met dans la poche un investisseur qui va devenir un gros client.
En 2013, cet investisseur passait pour 100 000 euros en commande et 300 000 euros en 2014. Clément s’est même déplacé en Russie pour aller les voir lors d’un séminaire organisé par la CCI à Saint Petersburg.
Malheureusement, cette collaboration ne va pas durer. En cause, l’embargo avec la Russie. Les deux associés ont anticipé et avait déjà prévu une autre stratégie pour leur entreprise à savoir se concentrer sur un nouveau produit : le quinoa.
Une levée de fonds en centaines de milliers d’euros
« On a commencé ce projet là avant embargo, on s’est dit qu’il fallait diversifier notre activité ». Le duo décide d’importer et exporter le quinoa d’Amérique latine en optant pour une stratégie qui vise à limiter les intermédiaires entre le produit et le consommateur. « On s’est dit on va importer nous-mêmes et exporter nous-mêmes », les associés achètent le quinoa directement chez le producteur.
Les associés procèdent à une levée de fonds de plusieurs centaines de milliers d’euros pour importer le quinoa du Pérou vers la France. C’est à cette période, en 2014, que la marque Keïal est créée avec la vente de quinoa dans les magasins bio en vrac.
Un an plus tard, Clément dirige seul sa société, son associé est toujours présent, mais ne s’occupe plus des décisions stratégiques. C’est alors qu’il décidé d’élargir sa gamme de produit bio et sans gluten.
S’adapter au marché
Ses études en comptabilité et en école de commerce permettent à Clément de pouvoir gérer l’aspect financier et marketing de sa société. Le jeune homme se remet souvent en question, essaye de s’adapter au marché.
En 2016, en faisant un point sur ses activités il constate que 30 % du chiffre d’affaires est réalisé par la vente en magasins bio. Et qu’il perd de l’argent avec l’activité en sachet. Clément prend « un revirement stratégique » et stoppe sa collaboration avec les magasins bio pour travailler avec des grossistes.
Label Place signe un nouveau contrat pour la mise en vente du « sans gluten pour tous » chez Leader Price. L’idée est simple : « On veut montrer que le bio est accessible à tous ».
Pour 2017, Clément signe un contrat pour la vente de 150 000 sachets, soit 143 palettes. « C’est vraiment un super contrat, ça permet de donner une autre envergure à la société et proposer un produit accessible à tous ».
Réseaux sociaux et « Votez bio »
Clément ne fait pas les choses à moitié. Le jeune entrepreneur connaît les réseaux sociaux sur le bout des doigts et c’est par ce biais qu’il communique sur sa marque, ses produits et le bio de manière générale. Il a d’ailleurs sa propre chaîne Youtube où il poste régulièrement des vidéos.
Depuis le 17 mars, date de la fin de la chasse aux parrainages, Clément Ben Hammou s’est mis à l’heure des présidentielles.
Motivé, il s’est muni de sa caméra en allant à la conquête des candidats à la présidentielle pour leur demander quels étaient leur engagement pour le bio.
Le projet « Votez bio » est de mettre en ligne au fil de la campagne plusieurs épisodes sur Youtube. Le premier fait office de teaser, le second est une rencontre avec Yannick Jadot, ancien candidat EELV depuis rallié à Benoît Hamon.
Un projet qui ne devrait pas passer inaperçu en cette période plus que mouvementée.
Imane Youssfi