Décision de la CJUE : Nicolas Cadène déplore “un manque de recul et d’expertise” des médias
L’avis rendu par la Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) au sujet des signes religieux visibles au travail a fait beaucoup de bruit médiatique.
Certains médias nationaux ont très mal compris cette conclusion et relayé des erreurs.
Melting Book revient sur le véritable sens et la portée de cette décision avec Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité auprès du Premier ministre.
Un extrait des réponses figure après chaque question. Cliquez sur tous les sonores suivants pour écouter l’intégralité de chaque réponse.
Que change la décision de la Cour de justice de l’Union Européenne ?
Fondamentalement, cela ne change rien au droit français. L’inverse de ce qui a pu être dit…
Comment les entreprises pourront justifier de manière objective leur interdiction sans tomber dans une forme de stigmatisation, à l’encontre de certaines femmes musulmanes?
C’est pour cela que cette décision ne change pas grand chose. Elle renvoie aux critères déjà définis par la jurisprudence française…
Mais le contexte français est très sensible, compliqué. Il y a quand même des velléités de certains d’exclure une frange de la population du monde de l’entreprise. Quel garde-fou possible pour encadrer cette décision et éviter les abus ?
Il faut faire de la pédagogie, mais c’est compliqué. Il faut bien expliquer le sens et la portée de cette décision. Ce qu’on a essayé de faire avec les médias qui ont compris, pour beaucoup, n’importe quoi…
L’Observatoire de la laïcité est très présent sur le terrain. Vous rencontrez de nombreux acteurs de la société civile et du monde de l’entreprise.
Aujourd’hui, y a-t-il des entreprises françaises ou étrangères implantées en France qui ne sont pas gênées par la question du voile.
Comment prennent-elles cette décision ?
C’est très variable. Bien sûr, et heureusement, il y a des entreprises qui ne sont pas dans une crispation et pour qui cela ne pose pas de problème…
Des associations comme le CCIF, ou des ONG comme Amnesty International s’inquiètent de cette décision, porte ouverte aux discriminations…
On peut être inquiet d’une mauvaise interprétation, bien sûr. Mais pas de la décision elle-même quand elle est bien lue…
Donc, en réalité, cette conclusion ne fait que rappeler ce que ce qui existait déjà ?
Oui, elle ne change pas le droit français…
Comment expliquer la couverture médiatique cette conclusion ?
Nous regrettons le traitement sensationnaliste et manquant totalement de recul d’impartialité et d’expertise de la part de beaucoup de médias. Ce n’est pas possible ! Il faut que les médias fassent attention maintenant à ce qu’ils disent, et arrêtent de céder au culte de l’immédiateté, au culte du clash et prennent le temps de la réflexion avec de vrais experts…
Propos recueillis par Nadia Henni-Moulaï
Montage Sarah Hamdi
Écoutez l’interview intégrale en une fois ici :
Lire aussi : L’interdiction des signes religieux en entreprise