#Édito “Quand on a du caractère, c’est qu’il est forcément mauvais ?”
[#Édito]
Faut-il apprécier un personnage pour reconnaître qu’il fait bouger les lignes ? À voir la série d’articles parue dans la presse depuis sa nomination comme ministre, Sibeth Ndiaye cristallise un rejet pour ce qu’elle fait mais surtout pour ce qu’elle est.
Les standards de beauté sont politiques
Depuis trois jours, l’impression d’une séance collective cathartique me saute aux yeux.
Sa couleur de peau, sa coupe afro accompagnent en creux les critiques liée à son tempérament. Les standards de beauté sont politiques. Et ceux qui persiflent sur son apparence expriment une injonction : Cachez ce cheveu qui devrait être raide, coiffé, rangé et pourquoi pas blond…
“Cassante” avec les journalistes, le ton qu’elle leur réserve serait “plein de mépris”. Soit.
Or, j’avoue ne pas comprendre ces sensibilités exprimées par une certaine presse politique parisienne.
Cette presse, socialement et ethniquement, homogène vit-elle sous le souvenir traumatique de la méthode Ndiaye? Mais, c’est vrai. Ce ne sont pas des reporters de guerre après tout.
Reste que le sentiment d’un double standard prédomine. En toile de fond, et par delà sa couleur de peau, la poigne de S.Ndiaye dérange.
Culturellement, la France préfère les victimes aux conquérants ce que S.Ndiaye est. Elle s’affirme, ose, transgressant la place que l’imaginaire collectif a assigné aux femmes noires invisibilisées dans les métiers du nettoyage, notamment.
Conseillère communication d’un président, élu sur les cendres d’une campagne présidentielle aussi chaotique qu’inédite, est-il étonnant d’avoir vu voir arriver cette solide figure, visiblement, peu impressionnée par la presse ?
Tout comme en politique, les relations avec les médias du centre reposent sur des rapports de force. Et encore plus quand on n’incarne pas l’évidence.
Et puis, comme sa sécurité, assurée par des colosses plutôt intimidants, la communication du premier magistrat de France n’est pas une ritournelle.
On ne badine pas avec elle.
On ne badine pas avec elle. Raison de plus de la confier à une forte tête, capable de renvoyer la presse dans ses 40 mètres quand elle le juge nécessaire.
Je ne dis pas que les rapports médias-politiques devraient se jouer ainsi. Je dis juste que Sibeth Ndiaye est dans le rôle dont l’a investie le président. D’autant que, avouons-le, une certaine médiacratie a pris de très mauvaises habitudes ces dernières décennies.
À force de dîners en ville, les digues, préalable à toute distance critique et indépendance, entre ces deux mondes ont sauté.
Discrète avant cette nomination, c’est sous la lumière qu’elle s’exprimera désormais. Devant le fameux pupitre de porte-parole du gouvernement, son défi sera, maintenant, de rester dans le cadre. Tout un programme.