Décédé en 2014, Emile Poulat, spécialiste du catholicisme, a passé ces vingt-cinq dernières années à publier sur la laïcité. Largement ignoré de son vivant, malgré une œuvre foisonnante et incontournable, il pointe à travers cet entretien vidéo donné en 2012, les paradoxes que soulève la laïcité dans la société française. Médiocrité, inculture, peur et manipulation.

Extraits incontournables de l’interview

En 2005, quand j’ai écrit mon livre “Scruter la loi de 1905”, des parlementaires, des hommes politiques, des politologues discutaient pour savoir s’il fallait modifier cette loi. Or, à l’époque où ils en discutaient, j’ai montré que nous n’avions aucun texte fiable de cette loi.

“La première raison, c’est parce que des fautes s’y sont introduites. Mais la deuxième raison la plus grave, c’est parce qu’en un siècle, cette loi a été modifiée cinquante fois…et que personne n’avait la liste de ces cinquante fois que j’ai publié. Mais, cela n’empêche pas ( certains, ndlr) de discuter de la loi de 1905 sans l’avoir lu”.

Sur la loi de 1905

“Il suffit de lire les deux premiers articles. Le reste étant l’application de la loi”.

“La loi de 1905 emploie le mot culte et aucune religion ne se réduit à son culte. Le Secours Catholique ne relève en rien de l’exercice du culte. Il relève du domaine associatif…”

“Il faut que chacun lise le texte pour que ce qu’il a dans la tête relève de la bonne information”.

Au sujet de l’instrumentalisation politique

Emile Poulat en 2011

“Certains ont un rapport très mauvais avec le travail sérieux”.

“Quand se créent des comités laïcité, on m’évite soigneusement”.

“Je n’ai fait partie ni de la commission Stasi, ni de la commission Machelon (…) Non seulement je n’ai pas fait partie de la commission mais je n’ai même été interrogé ou invité comme personnalité compétente”.

“On est dans la société de la médiocrité, de la passivité, de la rapidité”.

“Est ce que les musulmans de France sont instrumentalisés par les politiques?”

“Je dirai que quand il y a un travail comme ça (médiocre, ndlr), tout le monde en est victime”.

Interview: Nadia Henni-Moulaï, Nadia Tbahriti, W.Barylo