Fanny Genoux, une photographe détonnante
Professeur documentaliste à Nice, Fanny Genoux ne s’arrête jamais de photographier. Sa passion, elle l’a transmise aux élèves lors d’ateliers quand elle enseignait en banlieue parisienne. Depuis deux ans, elle expose ses clichés et accumule les récompenses et publications dans des revues spécialisées. Entretien du tac au tac avec une artiste détonnante.
Votre première photo ?
Fanny Genoux : Au lycée j’ai intégré l’option facultative Arts Plastiques et avec le vieux réflexe argentique de mon père j’ai commencé à photographier : j’ai consacré ma toute première pellicule à photographier le vieux Nice et le bord de mer.
Vieux Nice, tirage argentique numérisé, 1ère pellicule, Géométries © Fanny Genoux
La photo dont vous êtes la plus fière ?
F. G. : C’est variable, je n’ai pas vraiment de photo favorite, mon point de vue change au fur et à mesure que je photographie. Actuellement, la photo dont je suis la plus « fière » est peut-être celle qui a inspiré la série « Ombres niçoises », sur laquelle on voit trois silhouettes marchant à la queue leu leu.
Ombres niçoises © Fanny Genoux
Le meilleur moment de la journée pour une photo ?
F. G. : La lumière est un facteur crucial pour réussir une photo, Nice et ses environs étant plutôt très lumineux, c’est une chance. En fonction de ce que l’on recherche on peut choisir de sortir plutôt à tel ou tel moment de la journée.
La série « Éclipse », dernier travail en date, est d’ailleurs née de cette envie de peindre avec les ombres profondes, de combiner la lumière intense de la région, les ruelles étroites de la vieille ville, les façades colorées de Nice avec la géométrie et les formes, la rue et ses passants.
Mais je suis aussi heureuse lorsque la pluie arrive car les lieux ne sont plus les mêmes, les couleurs changent, les ombres disparaissent, j’essaye de sortir dans ces moments-là. Je me suis dernièrement rendu compte, en fouillant dans mes archives, que j’avais une petite série de photographies réalisées « Pendant la pluie », sur laquelle je retravaille du coup actuellement.
Pendant la pluie © Fanny Genoux
Le pays le plus photogénique s’il fallait n’en retenir qu’un ?
F. G. : L’Inde, comme le Népal, peuvent être considérés comme des pays très photogéniques, car les couleurs y sont très vives, tant au niveau des vêtements que des bâtiments et des paysages. Mais finalement je trouve que la France est un très bon terrain de jeu !
Poules, bidonville de Gaya, Inde, Nouvelles vanités © Fanny Genoux
Le mot pour définir le mieux vos photographies ?
F. G. : Je ne sais pas trop. La seule chose que je peux dire c’est que je ne fais jamais de mise en scène, je prends les photos sur le vif, je cherche à capter l’instant, à raconter une histoire en photographiant des petits détails que je remarque comme dans la série « Comédie humaine », en cela je fais ce que l’on appelle de la « Photographie de rue » ou « Street photography ». Mais cela n’est pas vrai pour toutes mes photos, au début et pendant assez longtemps, je cherchais plutôt à capturer des scènes sans personnages, pour ne garder que la géométrie du lieu comme c’est le cas pour la plupart des photos de la série « Géométries ».
Tous les genres, ou presque, me touchent, l’idée de collectionner en photographiant me plait également, c’est ce que je fais par exemple avec la série « Chaises errantes ».
Le plongeon, Opatija, Croatie, Comédie humaine ©Fanny Genoux
Une couleur que vous aimez particulièrement ?
F. G. : Le bleu.
Couturier, Katmandou, Népal Comédie humaine ©Fanny Genoux
Il y a une série intitulée « Géométries » et une autre « Lignes et hommes » sur votre site, vous êtes plutôt carrée dans la vie ou du genre à arrondir les angles ?
F. G. : Je suis plutôt du genre à arrondir les angles ! Mais en photographie je recherche les lignes, les alignements, les répétitions, la superposition, le rythme … la géométrie !
Le Petit Poucet, Lignes & hommes © Fanny Genoux
Il y a beaucoup de jeu d’ombres dans vos photos, cela révèle-t-il un trait de caractère ?
F. G. : En photographie il est beaucoup question d’ombre et de lumière. Et depuis récemment c’est un sujet qui m’attire particulièrement. Quant au trait de caractère, … chacun n’a-t-il pas sa part d’ombre ?
Éclipse © Fanny Genoux
Quelques photos sont légèrement moqueuses…
F. G. : Pour certaines d’entre elles, oui elles sont légèrement moqueuses, c’est vrai. Il y a des situations ou des personnages cocasses qui prêtent à sourire et j’aime bien capter ces moments-là.
Comédie humaine , Nice @Fanny Genoux
Quels sont vos projets ?
F. G. : Un ami a écrit une fiction librement inspiré par la série « Vu d’ici » et on a travaillé à la réalisation d’un petit livre autoédité. On pourra se le procurer sur mon site et dans quelques librairies à Nice et Paris . Concernant les expositions, j’ai remporté le prix de la ville au festival de street photography de saint Raphaël, du coup j’expose la bas en octobre prochain. J’ai aussi une exposition personnelle au Jardin Serre de la Madone à Menton au printemps et une autre à Contes en juillet.
Propos recueillis par Jean-Riad Kechaou