Abus de CDD. France Télévision condamnée
500. C’est le nombre de CDD que Wafa Dahman, journaliste à France 3, a signé en 10 ans. En 2016, elle porte plainte au pénal pour discrimination, harcèlement et abus de CDD. Le verdict a été rendu ce 22 mars 2018.
10 ans de bons et loyaux services pour la télévision publique. Wafa Dahman, journaliste a décidé de protester en saisissant la justice. Qui lui a donné gain de cause. En partie.
France Télévision ainsi que le DRH de France 3, Olivier Godard, ont été reconnus coupables d’infraction au Code du travail.
France Télévision a été condamné à 10.000 euros d’amende. Oliver Godard, lui, écope d’une amende de 3.000 euros avec sursis.
“Je suis contente. C’est ce que j’attendais. Je savais que l’on était peut-être hors délais au niveau de la discrimination. Mais, c’était important que les juges l’entendent et que France Télévision l’entende. Et via cette condamnation et bien j’espère qu’ils vont m’entendre,” déclare Wafa Dahman à MeltingBook.
Pour les motifs de discriminations et de harcèlement, ils ont été relaxés.
“Je présume que c’est parce que les faits sont prescrits. Le problème, c’est qu’on a que 3 ans pour porter plainte. C’est très court. C’est dur d’accepter qu’on a été discriminé. C’est dur de saisir la justice. Ce processus est tellement long qu’on passe parfois à côté des délais légaux”.
Ce qui ne remet pas en cause la réalité des faits.
Connu du milieu de la presse, le “planning” de France Télévision.
Les journalistes au “planning”sont en CDD et travaillent trois à quatre ans. Ils multiplient les contrats courts : un jour et quelques mois mois maximum, et ce dans toute la France.
Un passage obligé avant de pouvoir espérer aboutir à un poste en CDI et être intégré à la rédaction. Un main d’oeuvre malléable parce que précaire.
En 10 ans de travail pour France 3, elle a signé près de 500 contrats, effectué 1800 jours de collaboration, postulé 8 fois pour des CDI, sans succès.
Lassée, Wafa décide d’aller devant les tribunaux en 2016.
Deux autres journalistes et collègues, d’origine maghrébines, ayant subi la même discrimination, se joignent à elle. Sauf que pour eux, France Télévision décident de négocier. Contrairement à Wafa.
Son conseil aux victimes des mêmes faits : prendre le temps de trouver un bon avocat.
“J’ai eu la chance d’avoir un très bon avocat, un homme intègre et militant et qui se bat véritablement pour moi, et avec moi,” rappelle-t-elle.
La bataille n’est pas terminée pour autant. Au mois de juin, elle a rendez-vous en appel devant les Prud’hommes.
Elle demande la réparation totale du préjudice : “je ne demande qu’à travailler, pouvoir travailler comme les autres, “déclare-t-elle. Et la justice aussi.
Sarah Hamdi