France, souviens-toi
Chaque semaine, MeltingBook vous propose de réfléchir sur un sujet de société en images & en poésie. Dans cette rubrique originale intitulée L’Oeil d’Il Mandji, notre contributeur photographe, Jérôme Langer, alias Il Mandji, nous propose une réflexion sur l’Histoire à travers la photographie.
France, souviens-toi,
Des serfs serviles sous couvert
D’une féodalité Futile
Fut-elle
Fatale par ses modalitésFrance souviens-toi,Des oubliés de l’Histoire
Tes verrues purulentes
Poussent sur l’escarres cachée
Sous les frocs des communards
Ton architecture est le reflet
De ta mémoire
Tes combats restent illusoires
Le temps des cerises
Fut un printemps sans fleurs
Que même la mémoire n’effleure
France souviens-toi,
Les exécutions, les exactions
Les concussions, les concupiscences
Les sanctions, la colonisation
Tes valeurs décomposées
Ton ambivalence tolérée
Ta Coercition qu’on fustige sur des corps
Bleuit d’escarres
L’aristocratie fait à la violence
De lentes procrastinations
Les pauvres sont proscrits
A la nation
France souviens-toi,
Des zoos humains en décor
Théâtre de nègres corps à corps
De vénus Hottentote
Et ses hypertrophies patentes
L’exposition coloniale
Et l’affiche Banania
Et y’a bon de petit nègre
Les tirailleurs tiraillés
Entre appartenance et rejet
Tintin au Congo
La douce France de trenet
Sous les pas cadencés Josephine
France souviens-toi,
Céline et ses lignes
Sa Bagatelle pour un massacre
Et les collabos exultent
Maréchal nous voilà
Pour une nuit sans étoiles
Les gens d’armes à Drancy
Cachent les plaies qui nous rongent
France souviens-toi,
Du FLN de l’OAS
De Fanon de Aussaresses
Voulant dissoudre le maquis
Faméliques Damnés de la terre
En proie à la gégène et la gêne
Pour défendre leur patrie
France souviens-toi,
De Papon de son couvre feux
De ses flics violents et racistes
Ici à Paris on noient les Algériens
Ces rats des bidonvilles
En périphérie des vils
Kateb Yacine la plèbe
Camus l’absurde ephebe
France souviens-toi,
Des slogans soixant’huitards
Des pavés sur le pavé
L’odeur du muguet
Aux fenêtres de l’Elysée
Changez la vie changez la ville
Et pensez aux ouvriers
Jetés au bord du gué
Hors de la conscience
Et ces “bougnoules”
Dans les ghettos et la jetée
France souviens-toi,
Des circonstances de l’Histoire
De ses relents acres
De ses simulacres
De ceux qu’on oublie
De ceux qu’on sacre
Le roman national
N’est pas du germinal
Sous la plume d’un Zola
Mais d’un zèle au contours
Hexagonal…
3 Questions à Jérôme Langer :
Le mot pour définir le mieux ses photographies ?