“J’ai travaillé 9 mois au McDonald’s et je crois avoir des choses à vous raconter”
MeltingBook vous propose, chaque semaine, sa sélection de Thread Twitter. Aujourd’hui, celui de Julie, 20 ans, étudiante (@Juli33H). Elle raconte son expérience comme employée dans la chaîne de fast-food. Comme elle l’explique, son but n’est pas de « casser » mais de dénoncer des comportements injustes et réellement existants.
Bonjour Twitter, je m’appelle Julie, j’ai 20 ans je suis étudiante et j’ai travaillé 9 mois au Mcdo en tant qu’équipière polyvalente. Je crois avoir des choses à vous raconter, pcq quand vous venez commander un menu étudiant, vous n’avez pas idée de ce qu’il se passe, derrière. pic.twitter.com/Kh2wdHwWnn
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Alors contrairement à ce que vous pensez peut être, je ne vais pas ici vous parler des mesures d’hygiène ou de conservation des produits parce qu’elles sont respectées à la lettre, du moins dans le macdo où je bossais, mais je vais plutôt vous parler de conflits psycho-sociaux.
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Sachez aussi que mon but n’est pas de « casser » mais de dénoncer des comportements injustes et réellement existants. Mais visiblement mon message n’a pas été suffisamment communiqué. Vous pouvez le faire pour moi ? (Rt appréciés)! Si on commençait..
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Macdo c’était mon premier taffe, donc forcement j’étais un peu timide et réservée, mais également exigeante et très professionnelle. Au début on était assez froid et distant avec moi, pas facile quand on commence mais n’ayant pas d’expérience je me disais que c’était « normal » pic.twitter.com/T7R3mk3GCG
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
On est formé 2 semaines au macdo et du jour au lendemain on est un peu lâché dans la nature. J’ai vraiment compris que ce ne serait pas de tout repos quand j’avais constamment le droit à des « plus vite Julie, plus vite », des plaintes, des murmures, des agacements..
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Au début c’était, c’était supportable. Puis j’ai vraiment commencé à me faire mes propres marques, à bien faire mon travail, alors au final on me foutait plutôt la paix. Ca n’a pas duré évidemment. Je vais vous donner quelques exemples de situations que j’ai vécu ou plutôt subi. pic.twitter.com/2v1fdXqboh
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Un vendredi après midi, un monde fou, mon manager m’appelle pour venir travailler plus tôt, évidemment j’accepte. Le manager donna l’ordre à ma collègue (au même niveau que moi hiérarchiquement mais avec un peu plus d’ancienneté) le travail un peu ingrat (poubelle, nettoyage). pic.twitter.com/bESzlXugtu
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Personnellement ça ne m’a jamais dérangé, il faut bien le faire, ça fait partie des taches pour que ça fonctionne. Cette gentille demoiselle à refusé de le faire et me l’a refourgué. Bon c’est extrêmement soft pour l’instant, juste pour vous montrer que nouveau = pigeon. pic.twitter.com/mXgx38pCpE
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Je précise aussi que je fermais 4 fois par semaine (18h30-00h30) je bossais WE, jours fériés sans jamais être payé plus mais bon ça c’est pas important puisque je suis un pigeon pic.twitter.com/FjBYgj0VGL
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
AH OUII aussi, hilarant quand au drive (ceux qui donnent les sachets) me hurlent «QU’EST CE QU’IL SE PASSE A L’ENCAISSEMENT» sans arrêt. Qu’est ce que vous voulez que je fasse à la mamie qui met 1 minute à sortir les pièces de son porte monnaie ? Que je la secoue peut être ? pic.twitter.com/JPumLDAP81
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Un autre jour j’étais aux boissons. Les gobelets dans lequel vous buvez sont empilés les uns sous les autres, quand on en attrape un, on à le risque d’en faire tomber une quarantaine si on l’attrape mal. Ce soir là j’en ai fait tomber, une quinzaine.. pic.twitter.com/ObLVJJQIyI
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Cette autre gentille femelle s’est arrêtée de travailler, m’a regardé pour me dire « t’es nulle ». Imaginez un peu le contexte, le monde, la pression, le bruit, mon écran remplie, des boissons à gogo. Elle à pris le temps de s’arrêter juste pour m’humilier. Bref, passons. pic.twitter.com/xUn6F5T1sQ
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Un soir, j’étais aux frites, l’espace étant très serré, on est un petit peu dans toutes les discussions entre collègues. Il y avait un petit groupe qui parlait, trouvant la discussion amusante je m’y suis intégrée en répliquant une petite blague..
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Mon manager m’a bousculé en me disant « Toi tais toi on s’en fou de ce que tu dis », pendant que les petites gazelles riaient. Ca c’est atteinte à la dignité directe mdr mais je pense que ce dernier n’avait pas une seule connaissance en droit. J’ai été incapable de réagir pic.twitter.com/Ui9oD0FFCQ
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Des exemples softs j’en ai beaucoup, des hard j’en ai peu, parce que je suis partie avant que ça dégénère. D’abord ça a été de la pression mise injustement, puis des ragots, des moqueries, jusqu’a l’humiliation voire au harcèlement moral. Je me suis protégée de cela..
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Clairement j’étais respectueuse avec tout le monde, et amie avec certain(e)s d’ailleurs, mais je ne disais rien. Parce que croyez moi gérer la pression d’un rush c’est une chose. Mais gérer la pression d’un rush + des gamines qui se servent de toi comme puching ball NON pic.twitter.com/c0ucsobf1e
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Mais il y a eu LE SOIR DE TROP comme on pourrait dire. J’étais là depuis un moment j’étais plutôt à l’aise et efficace dans mon travail sans rien demander à personne. Ce soir là j’etais placée au drive, un samedi soir avec les 2 plus grosses connasses qui existent
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
probablement sur cette terre. J’étais entre la vitre et ces 2 connes. Je devais uniquement « donner les sachets » ptdrr. Alors je n’ai aucun soucis avec l’autorité clairement, mais je pensais pouvoir être plus utile qu’en donnant un sachet, je me suis proposée d’introduire..
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
probablement sur cette terre. J’étais entre la vitre et ces 2 connes. Je devais uniquement « donner les sachets » ptdrr. Alors je n’ai aucun soucis avec l’autorité clairement, mais je pensais pouvoir être plus utile qu’en donnant un sachet, je me suis proposée d’introduire..
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
pailles, serviettes, sauces. Ne vous étonnez pas le drive au macdo surtout un samedi soir c’est pire que le 100m de Usain Bolt. CHAQUE DETAIL COMPTE. Ca je l’ai compris très vite. pic.twitter.com/NxAJtc9lvc
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Au début c’était « Julie tu vas pas assez vite » « Julie je t’ai demandé de ne rien mettre dans les sachets » « POURQUOI TU METS RIEN DANS LES SACHETS » « Pourquoi tu vérifies ma commande je sais le faire toute seule » « Qu’est ce que tu fous bordel »
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
sans compter les « C’est pas possible bande d’incapables » « Vous êtes nuls à chier » « Bougez votre cul putain » envers la cuisine qui faisait déjà de son mieux pour faire ses 6 burgers à la minute.
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Ou encore les « Mais pourquoi elle avance pas cette pauvre conne », « Quelle salope » à la pauvre personne qui s’est retrouvée à l’encaissement et qui est probablement avec une mamie et ses 20 pièces de 5 centimes. Mais bon selon le manager l’encaissement c’est 10 secondes. pic.twitter.com/agbeRfWYlE
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Le manager qui vient et qui nous dit « pourquoi ça n’avance pas? ». La réponse ? « C’est de la faute de Julie ». C’est vrai que passer un sachet par une fenêtre ça casse toute une organisation. MDR. Je précise qu’ils voulaient faire tellement vite que je n’avais même pas le temps
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
de dire « bonjour » « merci » ou « aurevoir » aux clients. Les bases de l‘éducation et d’un service client réussi non? Je précise également qu’elle me plaquait les sachets sur la gueule oui.
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Donc quand vos sandwich sont écrasés c’est surement pcq une équipière se l’est prise dans la gueule, bah oui « il n’y a pas assez de place ». pic.twitter.com/gmFepFC5yv
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
LA SUITE : je ne vous embête plus après ❤https://t.co/YDIn9TQRD4
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
Mais le pire, le pire dans tout ça, c’est mon manager qui vient à la fin et qui nous dit «Vous avez bien travaillé les filles super». Ce soir là je l’ai regardé avec mépris, j’ai eu une envie si forte de vomir, je me suis précipitée vers la pointeuse, j’ai passé ma carte,
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
j’ai couru, et je me suis effondrée, en pleures, derrière le restaurant. Non seulement ces deux filles m’ont humilié, mais en plus elles ont été récompensé. Elles ont mal fait leur travail, les clients étaient mécontents, il n’y a eu aucun professionnalisme, aucune humanité,
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 27 juin 2018
ce jour, je me suis promise de ne plus jamais me laisser faire par quiconque. J’ai changé ma façon d’être, j’ai arrêté d’être moi même en fait. Je ne disais bonjour qu’aux personnes respectables. Je faisait mon travail point barre.
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
J’ai postulé à des trentaines d’endroits, 15 jours plus tard j’ai trouvé du gaffe, 1 mois plus tard j’étais partie. « Tu vas nous manquer Julie » Sérieux ? Vraiment? Mais personne n’a su voir ma vraie personnalité, j’ai jamais eu l’occasion d’être moi même pcq il y avait toujours
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
des hypocrites et des personnes désagréables pour m’empêcher de bien faire mon travail. Mais le pire c’est que sur une quarantaine d’employés, il y en a 6,7 qui étaient vraiment méchants. Visiblement ça a suffit pour que je me barre, mais ça en à détruit d’autres..
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
des hypocrites et des personnes désagréables pour m’empêcher de bien faire mon travail. Mais le pire c’est que sur une quarantaine d’employés, il y en a 6,7 qui étaient vraiment méchants. Visiblement ça a suffit pour que je me barre, mais ça en à détruit d’autres..
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
Ces gens sont assez cons pour croire que gueuler sur quelqu’un va le faire travailler plus vite. Alors déjà le ratio vite et bien est compliqué à atteindre mais en plus si vous y ajoutez des connards qui vous hurlent dans les oreilles ça n’aide pas. pic.twitter.com/Jlig6bR8gw
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
Je voudrais tellement que ces frustrés de la vie soient punis pour avoir déstabilisé des gens, manqué de respect, humilié, fait partir, fait souffrir, des gens courageux pleins de bonnes attentions. pic.twitter.com/xGMvKe8l71
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
J’en veux aussi aux managers qui ne se bougent pas le cul, qui laissent faire et qui enrichissent même, qui se moquent avec ces petites pétasses des autres. Comment voulez vous vous intégrer, bien travailler dans une boîte pleine de souffrance?
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
Aucun principe de pédagogie, de respect d’autrui n’existe. C’est chacun pour sa gueule clairement.
J’en ai parlé, j’ai même essayé de me défendre, mais ils ne ont rien à foutre, il faudrait leur coller un procès et qu’ils aient peur pour leur argent pour que ça bouge.
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
C’est dingue d’en arriver là. Si je peux conseiller des personnes qui ont été confronté à la même chose que moi ou à pire c’est qu’il y à 2 façons de réagir.
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
Premièrement, (l’attitude que j’ai adopté) à savoir se concentrer sur soi même et switcher face à chaque critiques. C’est simple quand on essayait de m’humilier, j’ignorais, bien évidemment j’entendais mais je me parlais à moi même (ils sont débiles Julie, tu vaut mieux que ça, pic.twitter.com/sLbajRP4w0
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
t’es plus forte qu’eux). Ca aide pcq ils finissent par se décourager quand on réagit pas.
Deuxièmement, il y à la révolte, on s’affirme, (en restant respectueux et dans les règles) ça marche aussi, mais pas toujours, parce qu’ils vont répliquer et vous rabaisser encore plus. pic.twitter.com/xhzC5pTQGd
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
Qu’importe le caractère que vous avez si je peux vous donner un conseil, c’est d’écrire chacune des phrases jugeantes, de prendre note de chaque comportement obscène, inhumains et non-professionnel. Parlez en, battez vous, un jour il y aura peut être une justice. pic.twitter.com/WygNlCe3Fd
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
Au final je me sens épargnée, c’est tout j’ai fait mes choix je me suis barrée, mais j’ai réalisé beaucoup trop tard que c’était grave. Quand je suis arrivée dans ma nouvelle boite qui aujourd’hui me comble, j’ai vraiment réalisé que c’était grave.
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
En effet on me disait « bonjour » « bienvenue » « comment tu vas » on s’intéressait à ma vie. Au début j’avais comme des spasmes pcq je ne comprenais pas. J’avais été conditionné à travailler dans se sales conditions et j’ai mis un temps d’adaptation à redevenir moi même. pic.twitter.com/wA0RgsIaJk
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
Et le burn out c’est une MALADIE. Des tas de gens se flinguent et vous fermez les yeux. Je n’ai pas été victime de burn out, de harcèlement moral je pourrais dire 2-3 fois ok, mais pas assez pour me faire tomber.
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
J’ai longtemps intériorisé que j’étais « nulle » à cause de macdo, mais aujourd’hui je me sens plus forte que jamais. Je retombe toujours sur mes pâtes, je connais mes droits, je connais également les droits qu’ils n’ont pas.
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018
Si vous avez été jusque ici je vous remercie et je vous invite à partager. Pas pour moi, pour les arrêter mais surtout pour ceux qui restent. Qu’il n’y en ai pas un de plus qui aille au travail avec la boule au ventre. Parce qu’on travaille pour vivre, pas pour se détruire. pic.twitter.com/wl4ntUTWAN
— Jujuuuuuuuuu (@Juli33H) 28 juin 2018