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Emmanuel Macron lance une OPA sur l’Islam de France

Le président Emmanuel Macron a annoncé préparé une réorganisation complète du culte musulman, dans un entretien accordé au JDD, le 13 février 2018.

“Nous travaillons à la structuration de l’islam de France […] mais je ne dévoilerai une proposition que quand le travail sera abouti”, a notamment déclaré le chef de l’État.

Anice Lajnef, nous propose son ressenti après cette annonce, en 4 points.

Emmanuel Macron veut organiser l’Islam selon une vision marquée par la tradition judéo-chrétienne. Or :

>> 1. L’Islam n’a pas de clergé : la relation du croyant est directe au divin, sans intermédiaire.

>> 2. L’imam est celui qui mène la prière. Ce n’est pas un titre religieux qui s’acquiert par un brevet. C’est une fonction ponctuelle dans le temps qui se décide au début de chaque prière. Il est vrai que dans le cas particulier des mosquées, cette fonction est en général tacitement reconduite à chaque prière.

>> 3. Le recteur s’occupe de la gestion matérielle du lieu de culte. Il n’a aucune légitimité religieuse.

>> 4. La quasi totalité de l’exégèse religieuse a été figée dans le temps, et elle est diffusée en France via des canaux étrangers (éditions étrangères, satellite, YouTube…).

Donc à moins de couper ces canaux, les musulmans continueront de suivre les avis de ces dignitaires religieux étrangers.

Ce qui pose problème en France est la politisation de la religion, son instrumentalisation pour en faire un vecteur commun d’opposition tantôt aux difficultés sociales, tantôt à l’interventionnisme géopolitique de la France et de ses alliés dans les pays à majorité musulmane.

Donc le problème est essentiellement social et politique. L’action de Macron ne peut être religieuse, mais seulement sociale et politique.

Tout interventionnisme politique sera rejeté par une majorité de pratiquants. Pire, cette intrusion peut faire l’objet d’un durcissement de la frange la plus dure des pratiquants.

« En même temps », les musulmans doivent se prendre en main pour dépoussiérer une exégèse figée, qui contredit l’essence d’une religion censée être en phase avec son temps. Les mots coraniques sont dénombrables, mais les sens sont infinis.

La culture, le développement du sens critique, l’ouverture au monde extérieur, le développement intellectuel, sont tant de pistes pour se réapproprier le texte, et se rapprocher de l’esprit originel du Coran, donc de Dieu.

Mais ce déclic ne sera accepté que s’il vient de l’intérieur, par des esprits ouverts, mais en même temps rigoureux sur leur approche théologique.

Il ne peut venir de personnalités controversées choisies par des dirigeants politiques. Cette intrusion est, d’ailleurs, en parfaite contradiction avec l’esprit de la laïcité.

Que l’État s’occupe de la dimension sociale et politique, et qui laisse aux croyants le temps de reconquérir leur Texte.

À l’État, les affaires « horizontales », celles du cadre républicain. Aux croyants la dimension « verticale », celle qui pointe vers Dieu.

Le point d’intersection est la laïcité, c’est à dire la cohabitation de la communauté des croyants au sein de la communauté nationale, dans le respect des lois qui nous unissent.

Anice Lajnef 

Raconter, analyser, avancer.

Comments (2)

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    C’est quand même un nombre que dans une république qui ne cesse de se proclamer laïque, et où l’on voit tant de fiers chevaliers défendant la laïcité (ou tout au moins une certaine conception de la laïcité), un gouvernement se mêle d’organiser une religion !

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    Zap Pow

    Zut, je voulais dire un comble, évidemment, pas un nombre.

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