Rachid Sguini : « L’écriture m’intéresse de plus en plus »
Dessinateur professionnel, Rakidd (Rachid Sguini de son vrai nom), sort son deuxième livre « Gribouillages » (Éditions Faces cachées, mars 2018). Dans un roman autobiographique, l’auteur raconte, entre illustrations et récit, les anecdotes qu’il a vécu dans son enfance. Surtout, il relate comment plus jeune, il s’est conditionné pour réaliser son rêve : devenir dessinateur professionnel.
Choisir un roman graphique pour dévoiler comment il est devenu (presque) lui. C’est, ainsi que Rachid Sguini définit son livre, en quatrième de couverture.
Un pari réussi pour cet illustrateur professionnel qui a fait le choix de sortir un ouvrage en combinant écriture et dessin.
L’écriture domine le récit, bien plus que l’illustration, à laquelle Rachid Sguini nous a habitué dans son parcours professionnel et dans son premier livre [ndlr, « Le monde de Rakidd : de 2001 à nos jours », éditions Faces cachées – décembre 2016].
L’auteur assume ce choix et le justifie par « l’envie d’écrire beaucoup plus que dans le premier livre, d’essayer d’être plus dans l’écriture que dans l’illustration ».
Il confie tout de même que « l’écriture m’intéresse de plus en plus ». Un choix assumé et plutôt bien réussi.
« J’ai écris pour moi parce que c’est aussi une façon de me faire un bilan et aussi pour les autres, pour les inspirer un peu j’ai envie de dire. J’espère que ça va inspirer des jeunes, pas uniquement dans le dessin mais dans plein de choses » explique-t-il.
Rachid Sguini prévient « je suis un peu pudique », ce qui a dû rendre l’exercice de l’autobiographie plus compliqué.
« Je pense que si les gens ressentent le côté sincère et le côté vrai du livre, t’es obligé de t’ouvrir. C’est un exercice qui est difficile », avoue-t-il.
Cette pudeur se fait ressentir dans son livre, notamment, quand il exprime qu’il n’arrive pas à dire à sa mère qu’il l’aime, mais l’écrit quand même.
L’autobiographie en elle-même impose de s’ouvrir au lecteur, Rachid Sguini joue le jeu et n’hésite pas à s’ouvrir à ses lecteurs tout en gardant une partie de son intimité et de sa vie privée.
Dragon Ball Z et Tom-Tom et Nana
Dans une écriture fluide, proche du lecteur, Rachid Sguini se livre sur ses souvenirs d’enfance jusqu’à l’âge adulte.
Tout y passe, ou presque ; les premières années à l’école, le CP, les fameuses cagoules et le pantalon en velours sans oublier les vacances estivales dans son pays d’origine, le Maroc où la famille s’entasse dans une petite voiture au milieu des bagages pour la traversée de la France et l’Espagne.
Son enfance a aussi été bercée par Dragon Ball Z, l’époque des pogs et les heures passées en bibliothèque. Il y découvre « Tom-Tom et nana ». C’est, d’ailleurs, l’illustratrice de cette BD, Bernadette Desprès, qui signe la préface de son livre.
Chaque anecdocte est illustrée par un dessin de son auteur. Une touche d’humour où l’on reconnaît bien le style de Rachid Sguini, mais au fond l’envie de dénoncer des inégalités (souvent sociales) qu’il a perçu dès son enfance. L’orientation en fait partie…
L’orientation en toile de fond
« Je me dis que c’est très cool d’avoir été quelqu’un de très fort mentalement » confie le jeune dessinateur.
Plus qu’une autobiographie, « Gribouillages » est aussi un roman qui raconte comment son auteur s’est battu pour choisir lui-même son orientation.
Plus jeune, en disant qu’il voulait devenir dessinateur, peu l’ont pris au sérieux. Certains professeurs ont même essayé de l’en dissuader.
« Il faut un mental d’acier, il faut être très têtu », reconnaît-il.
« Je connais des gens qui ont été très mal orientés alors qu’ils avaient peut être plus de talent que moi, ils avaient peut être plus de choses à dire que moi, mais en fait tout est dans le cerveau », poursuit-il.
À travers ce livre, Rachid Sguini répond aux interrogations de jeunes d’aujourd’hui. « Je reçois pas mal de messages de jeunes, qui sont dans l’adolescence, qui me demandent comment faire pour devenir dessinateur et comment garder cette envie ».
Beaucoup d’entre eux y trouveront des réponses et s’identifieront à son vécu qui ressemble de très près à ce que beaucoup d’adolescents vivent aujourd’hui.
Imane Youssfi