Salim Teurki : “Avoir de l’ambition est déterminant pour s’en sortir”
La Revanche, c’est son premier roman. Auteur et étudiant, Salim Teurki souhaite concilier excellence humaine et excellence universitaire. Et ambitionne d’embrasser la carrière d’avocat pénaliste. Rencontre.
Nadia Henni-Moulaï : La Revanche est votre premier roman. Pouvez-vous revenir rapidement sur le genèse de ce projet? Quel a été le déclic pour passer à l’acte d’écriture?
Salim Teurki : Un ancien professeur m’a conseillé d’écrire. Au début, ce conseil me semblait bizarre.
Ayant un énorme respect pour celui-ci, j’ai commencé par écrire des blagues et des textes de rap. Si ce conseil était venu d’un autre professeur, je n’aurais sûrement jamais connu l’écriture.
Au cours de cette période, j’ai eu le privilège d’intégrer une prestigieuse université parisienne. Des difficultés sont alors apparues ; une rigueur et des exigences énormes étaient alors demandées.
J’intériorise beaucoup. Je ne parle jamais de mes problèmes ou de mes difficultés. Je ne veux être une charge pour personne. Mes difficultés doivent être réglées par moi-même. J’ai alors ressenti le besoin d’écrire ces dernières et mon quotidien.
Même si je ne dormais pas beaucoup pendant les études et les examens, j’ai trouvé un réel plaisir à écrire ce roman. C’est aussi un moyen de dire ce que l’on souhaite et de faire passer des messages.
À quelques jours de la sortie de La Revanche, j’ai failli tout arrêter car j’appréhendais les retours. Heureusement que ma famille et qu’un ami, qui a été important tout au long de l’écriture, m’ont convaincu d’aller jusqu’au bout.
N H-M : Dans ce livre, Sam est un jeune de cité ambitieux. Que vous inspire la question de l’ambition ?
S.T. : L’ambition confère du sens à notre vie. Avoir de l’ambition est déterminant pour s’en sortir. Chacun fixe son propre degré d’ambition. Ce dernier représente le désir de nos envies en faisant abstraction de nos peurs et des découragements de notre entourage.
Mon ambition s’est renforcée en regardant mes parents sacrifier leur vie.
Voir son père se lever à 4 heures du matin pour aller se casser le dos et sa mère faire du ménage dans l’optique d’élever ses enfants dans les conditions les plus optimales possibles.
Mon objectif ultime est de devenir un grand pénaliste. Aujourd’hui, Yassine Bouzrou, venant d’un milieu semblable et ayant un parcours universitaire ressemblant au mien fait partie de la liste des avocats la plus « select » de France.
J’ai eu la chance de le rencontrer et de converser avec lui à son cabinet. Rencontrer un de ces exemples confère une force inouïe et incite à se surpasser.
J’espère un jour devenir un exemple comme Yassine Bouzrou. J’ai sacrifié toute ma jeunesse. Je continuerai mes sacrifices jusqu’à ce que j’y arrive.
N H-M : Comment avez-vous bâti le personnage de Sam? Décrivez-le nous…
S.T. : Le roman est autobiographique à 85 % environ. Ainsi, Sam est fortement inspiré de ma vie.
Le plus grand plaisir de Sam est de réaliser ce que les autres pensent qu’il n’est pas capable de faire. En raison de ses ambitions, Sam est sujet à plusieurs railleries et sous-estimé tant par ses camarades de classe que par les personnes avec qui il a grandi.
Ainsi, Sam prouvera que le berceau ne détermine pas sa vie future. Il tentera de réaliser ses rêves à force de travail, d’abnégation sans oublier les valeurs inculquées par ses parents.
Passé par la joie, le doute, la tristesse, les difficultés de la vie, Sam, avec vérité et sincérité, aura pour seul mot d’ordre : une revanche sur la vie.
Cette revanche sera une gloire pour Sam alors qu’il s’agira d’un acquis pour les autres…
N H-M : On sait que la question du déterminisme social est prégnante dans les quartiers. Comment la contourner selon vous?
S.T. : Pour le moment, je n’en ai pas la moindre idée. Si, j’avais la solution, je l’aurai essayé moi-même puisque je ne suis pas encore celui que je veux être. Toujours à la conquête de mon rêve.
Je pense que l’excellence universitaire est un vecteur important mais l’excellence humaine l’est davantage. Par excellence humaine, j’entends les qualités que l’on n’apprend pas lors d’un cursus universitaire. Par exemple, arriver à concilier à bon escient la ruse, le culot, la débrouille, la prise de risque, la capacité de travail importante…
Je connais des personnes qui sont dotées d’une excellence humaine supérieure à certains qui ont fait les plus grandes universités ou les plus grandes écoles.
La vie ne donne pas les mêmes cartes au début et la ligne de départ n’est pas forcément la même pour tous. Mais je suis intimement persuadé que tout le monde peut réussir car aucun quartier n’a de barreaux.
N H-M : Vous êtes passé en auto-édition. Pourquoi ? Quel regard portez-vous sur le monde de l’édition?
S.T. : Écrire un roman, c’est compliqué ! Se faire publier, c’est encore plus difficile !
La concurrence est rude.
J’ai envoyé mon roman à plusieurs maisons d’édition. Certaines ont accepté de le publier, d’autres ont refusé. Il y en avait qui n’ont même pas pris la peine d’émettre une réponse.
Malgré le refus, les grandes maisons d’édition trouvaient La Revanche « intéressant » mais « le risque financier était trop lourd » surtout pour un premier roman.
Finalement, j’ai choisi Mon Petit Editeur car elle m’offrait les meilleures garanties. Elle gère certains points de l’édition qui m’était inconnu jusque-là.
Pour le second roman, j’essaierais d’élever la qualité par rapport au premier tout en restant le plus simple possible. C’est pourquoi, je prétendrai à une plus grande maison d’édition. Si je n’y arrive pas, je ferais de l’autoédition.
Propos recueillis par Nadia Henni-Moulaï
Crédit Photo: Bruno Simonetta http://www.brunosimonetta.fr/