Un vote en otage
Mathieu S. est enseignant du secondaire en Seine-Saint-Denis.
Le second tour de l’élection présidentielle 2017, ce sera sans lui.
Dans cette tribune, il livre ses raisons personnelles à MeltingBook.
Voilà, on y est, comme prévu, Marine Le Pen est au second tour.
Cela fait longtemps que j’ai dit qu’en cas de duel entre la droite et l’extrême-droite, je serais incapable de faire un choix, étant moi-même de un électeur de gauche.
Mais maintenant que beaucoup ont fait le leur, je fais face à de l’incompréhension. Voire, même, de l’agressivité.
« Ne pas voter, c’est donner un vote à Le Pen »
« Ça sera ta faute si elle arrive au pouvoir »
« Hitler est arrivé au pouvoir légalement, tu veux qu’il arrive la même chose ? »
Beaucoup de gens m’enjoignent, me somment de « faire barrage ».
Ce refrain, on l’entend tous depuis 2002, et il m’est devenu insupportable.
Qui, ici, banalise, la présence de l’extrême-droite dans cette élection, quand beaucoup de gens partaient du principe qu’elle serait au second tour ?
Difficile de ne pas penser à la jubilation de Macron, dimanche soir, et à son discours de victoire présidentiel, comme si tout était déjà fait, comme si cela allait de soi, et que ce second tour ne comptait pour rien.
Il en reste la très désagréable impression que mon vote est pris en otage par les personnes qui ont voté Hamon, Poutou, ou Dupont-Aignant, et par celles qui ont voté Macron, parfois a contrario de leurs idées, avec comme seul objectif de battre le FN au second tour.
Un second tour sans Le Pen était possible, cette prophétie auto-réalisatrice était largement évitable, vu les scores, ce dimanche 23 avril 2017, mais pour cela, il aurait fallu que ces personnes fassent un compromis, et votent pour Mélenchon, par exemple.
Toutes ces personnes qui sont tombées à la renverse à l’élection de Donald Trump n’en ont retenu aucune leçon et se sont infligés le même traitement.
Il a fallu voter Clinton contre Bernie Sanders, ce dangereux communiste, comme il a fallu voter Macron ou Hamon plutôt que Mélenchon, caricaturé de la même manière.
Mais c’est une opinion politique, elle n’appartient qu’à moi, et je n’oblige personne à la partager.
Je suis déçu que plus de gens n’aient pas fait le même choix et le même calcul que moi. Seulement, ce choix appartient à chacun.
Ce qui est insupportable, c’est que le compromis que ces gens n’ont pas voulu faire, ils vous le réclament aujourd’hui.
Nous, on a eu le choix. Mais pas toi.
Ce que représente Emmanuel Macron est contraire à tous mes idéaux politiques. Marine Le Pen aussi.
Pour des raisons différentes. Pourquoi le choix entre les deux serait-il obligatoire?
La poussée du libéralisme est déjà un problème énorme à mes yeux : la loi El Khomri, la négociation du TAFTA, la politique d’austerité, etc.
Quant au racisme, je vous rappelle qu’il y a à peine quelques mois, on s’indignait parce que des policiers s’amusaient à mettre des matraques dans le cul d’un noir. Ou parce que François Hollande, président « socialiste », a voulu mettre en place un ministère de l’Identité nationale.
Dans ces conditions-là, que représente, pour moi, le risque Le Pen ?
Au final, il ne me fait pas bien plus peur que le risque Macron.
Il en reste un désagréable sentiment d’hypocrisie : le racisme est devenu la préoccupation numéro 1 maintenant que Marine Le Pen est au second tour, mais je n’ai pas vu grand monde s’en préoccuper ces cinq dernières années.
François Hollande et Nicolas Sarkozy ont été les présidents les plus détestés de la Ve République, Hollande battant des records sans précédent d’animosité à son égard, et la France porte au second tour une personne dont le programme affiché est de ne surtout rien changer, qui a des soutiens venant du premier et a fait partie du gouvernement du second.
Il n’y a aucun sens, de mon point de vue, de reconduire sans arrêt ces gens-là au pouvoir.
Nous n’y trouverons que destruction sociale, chômage et inégalités.
Je m’abstiens car il est bien sûr hors de question que j’apporte mon vote au FN.
Je refuse également de cautionner une politique contre laquelle je me bats (modestement) depuis toujours.
Mon vote, je l’exprimerai à nouveau aux législatives, où j’y trouverai un candidat qui représentera un tant soit peu mes idées.
Mathieu S.
LEGUENO
Nous sommes en démocratie chacun est libre de voter comme il le souhaite et selon ses convictions. Nous sommes aujourd’hui face à des personnes qui pour combattre le fascisme, utilisent les méthodes même qui caracterisent le Fascisme ( stigmatisation, autoritarisme.) Oui certains ont le droit de ne pas vouloir choisir entre l’extrême libéralisme et l’extrême racisme.
Et non faire barrage au FN ne se limite pas à voter MACRON. Il est nécessaire que les vrais responsables de la montée du FN soient désignée et mis en face de leurs responsabilités. Tous ceux qui nous parles à longueur de temps de Burkini, d’identité national, de karcher, de Rom etc…
Tout ceux qui dénigrent la France d’en bas, les sans dents, les jeunes qui tiennent le mur, les assistés et qui nous intimes l’ordre deux minutes aprés les resultats du 1er tours d’aller éteindre le feu qu’ils ont eux même allumé.
Les médias qui a coups d’enquête exclusives ou je ne sais quelle émission nous désigne les personnes à aduler et celle à hair. Qui limite la pensée à oui ou non ; blanc ou noir ; bien ou mal.
Il est temps que nous réclamions mieux de nos sois disant “Élite”. Que ceux qui nous donnes de belles leçons les appliquent à eux même et qu’ils oeuvrent enfin pour le bien commun et non pour leurs comptes.
“Les racistes sont des gens qui se trompent de colère” disait Desproges. De la colère la France en est rempli. Il est maintenant nécessaire de se retrousser les manches pour tenter de CONVAINCRE ses gens qui votent FN qu’ils se trompent de remède.
Je ne sais pas encore quel sera mon choix le 7 mai prochain.”Vote blanc ou Macron”. Mais une chose est sûre c’est que vu les soutiens de MACRON et la politique de casse sociale qu’il compte mener, les idées du FN et la colére dont elles se nourrissent ont de beaux jours devant elle.
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