« C’est à la femme africaine de mener la lutte pour le respect de ses droits et son émancipation »
Elle aura connu toutes les étapes de l’avènement de la démocratie dans son pays depuis le début des années 90. Kafui Brigitte Adjamagbo Johnson, aujourd’hui la coordinatrice de la coalition de l’opposition togolaise qui réclame l’alternance politique depuis août 2017, n’est pas une novice de la politique. Celle qui a été la première femme candidate à une élection présidentielle incarne aujourd’hui l’éveil de la conscience politique auprès de la jeune génération de femme togolaise.
Véritable bête politique, Kafui Brigitte Adjamagbo Johnson est une femme politique togolaise qui voue une grande admiration à la gente féminine africaine qui se bat chaque jour pour le respect des droits humains à travers le continent.
Aujourd’hui âgée de 59 ans, celle que l’on surnomme « Ellen Johnson Sirleaf du Togo» n’a pas hésité à gravir tous les échelons de la vie politique de son pays depuis l’avènement de la démocratie au début des années 90.
Présidente de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), un parti membre de la coalition de l’opposition qui mène la vie dure au régime du président Faure Gnassingbé depuis août 2017, elle considère que la femme africaine peut aussi faire valoir ses compétences ailleurs et non seulement au foyer.
«La femme africaine n’est pas qu’une mère au foyer car c’est elle qui donne la vie et élève les enfants. Donc, elle a aussi des compétences à faire valoir et à faire profiter à sa société.
Ce qui lui donne la possibilité de les faire valoir dans le sphère publique ou politique en dehors de son rôle clé qui contribue à la pérennisation des familles», a-t-elle confié.
A cet effet, celle qui œuvre sans relâche à faire respecter les droits des femmes pense que le canal de l’activisme reste le seul moyen pour «démystifier» la politique auprès de la gente féminine africaine.
Première femme à briguer à la magistrature suprême
Celle qui se revendique comme une militante des droits des femmes dans l’âme avant d’être militante politique, juriste de formation, elle aura été la première femme à briguer à la magistrature suprême, en 2010.
Avec une conviction, le développement du continent passera sans aucun doute par l’émergence d’une nouvelle gente féminine… et l’éducation. La seule voie pour l’éveil politique de la femme africaine.
«Cette lutte dans laquelle je me suis engagée depuis des décennies n’est pas pour moi seule mais pour toute une génération. Pour arriver à défendre mes droits il a fallu me doter d’une bonne éducation.
Ici, on est comme dans l’arène où les hommes veulent demeurer les seuls maîtres à vie afin de s’accaparer de tous les pouvoirs. Mais les femmes peuvent aussi jouer leur partition et pour cela nous devront être bien éduquées. »
Ainsi, pour cette ancienne enseignante de droit à l’Université de Lomé entre 1986 à 1997, la lutte pour l’émancipation de la femme africaine doit commencer déjà dans les milieux scolaires où la jeune fille ne doit plus hésiter à s’impliquer dans les questions des droits de l’homme. Car, estime-t-elle «la femme africaine doit s’armer pour défendre ses droits quand ils sont bafoués».
Aujourd’hui, après une carrière à l’internationale qui l’amènera à occuper plusieurs postes à responsabilité : membre du Conseil d’Administration du Forum international de Montréal, de 1999 à 2001 ; membre du Comité Consultatif de African Women Developement fund (AWDF) depuis 2001; co-fondatrice et Présidente du Forum de la société civile de l’Afrique de l’ouest (FOSCAO) de 2004-2006, après avoir été rapporteur général du bureau provisoire de la conférence nationale souveraine avant d’être ministre du bien-être social , des droits de l’Homme et de la solidarité nationale, en 1991, elle mène aujourd’hui le front pour l’alternance démocratique dans son pays.
Convaincue que la femme togolaise, tout autant que l’homme, a un rôle à y jouer.
«Car elle fait également les frais de cette mauvaise gouvernance que nous vivons au Togo ! Donc, c’est à la femme togolaise en particulier et africaine en général de mener la lutte pour le respect de ses droits et pour son émancipation. »
Par Mawu Kouevi Folli-Gah, à Lomé
Publié sur AfricanNewsAgency