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EXCLUSIF. État d’urgence: Tony, ex-assigné à résidence, témoigne

Tony est un rescapé de l’état d’urgence. On le comprend au fur et à mesure qu’il raconte son histoire. L’histoire d’une vie qui bascule quand sa trajectoire individuelle est télescopée par l’état d’urgence.

Il raconte une perquisition qu’on qualifiera de façon sobre de “violente”, une assignation à résidence qui le laissera désorienté, en journées fragmentées. Que lui était-il reproché ? Tony a quelques indices, mais nulle certitude sur le pourquoi de ces mesures.

Il est l’un des dommages collatéraux de l’état d’urgence qui permet tranquillement de placer ainsi sous le boisseau administratif la vie de “toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre publics”, selon la loi du 3 avril 1955, revue après les attentats du 13 novembre 2015.

Termes vagues s’il en est qui laisse une amplitude d’appréciation à l’autorité administrative pour juger de ce “comportement”, la plupart sur la base de notes blanches, fiches de renseignements non datées et non signées, la plupart faites de faisceaux de faits non vérifiés et de vagues suspicions.

Tony raconte un mécanisme qui désormais risque de s’étendre, avec la prétendue “sortie” de l’état d’urgence prévue par le gouvernement Philippe, sortie qui est de fait la pérennisation de cet état d’urgence.

Cette loi, entrée en discussion et défendue par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, pérennisera certaines mesures, telles les perquisitions (rebaptisées de façon orwellienne de « visites »), les assignations à résidence mais dans un périmètre élargi, et les fermetures administratives de lieux de culte.

De même, dans le projet de loi du gouvernement, on ne parle plus d’assignations à résidence, mais de “mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance”, qui ne s’appliqueront qu’en matière de terrorisme.

Un projet déjà dénoncé par maintes ONG et associations de défense des droits de l’homme qui voient dans cette pérennisation de jure un contournement, à bien des plans, des fondamentaux de l’État de droit. Tony témoigne de ce qui pourrait arriver bientôt à tout un chacun.

Désormais, il se reconstruit et a entamé une procédure contre les mesures qui l’ont touché, défendu en cela par Maître Vincent Brengarth, du cabinet Bourdon. Tony, par cette démarche de citoyen, a ainsi voulu retrouver un semblant de justice dont il s’est senti dépossédé : “je voulais remercier maître Brengarth, j’y tiens d’ailleurs, il m’a montré qu’on pouvait agir contre ces mesures”. Verbatim d’un rescapé de l’état d’urgence.

Propos recueillis par Hassina Mechaï

Réalisation vidéo/ Sarah Hamdi

Raconter, analyser, avancer.

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