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Maeril : “La vulgarisation par le dessin aide au débat public”

Marie-Shirine Yener alias Maeril, graphiste, explique l’intérêt de la non-mixité en BD. Sa dernière création porte sur le festival Nyansapo. Interview.

Nadia Henni Moulaï : Vous venez de publier une bande dessinée suite à l’affaire du festival Nyansapo. Est-ce que votre initiative a pu être utile ?

maerilMaeril : Pour le moment, la grande majorité des réactions reste positive, ce qui me fait dire que cette intervention illustrée a été utile.

J’ai reçu pas mal de messages de remerciements, de gens qui m’ont dit « mieux comprendre les enjeux » d’un tel festival, désormais.

 

 

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N. H-M. : Beaucoup découvrent la non-mixité alors qu’elle a accompagné des mouvements féministes dans les années 70.

Comment expliques-tu qu’aujourd’hui cela pose problème, voire créé une ligne de fracture?

M. : Je pense que, comme pour n’importe quelle lutte, il faut se souvenir que lorsqu’on est une minorité on obtient pas des droits en disant « s’il vous plaît, merci ». L’Histoire nous le montre bien !

Les minorités ne peuvent décemment dépendre du bon vouloir des dominants : il est impossible de se libérer de cette domination en restant sous leur contrôle, c’est un non-sens complet.

Comme dit dans la bande dessinée, beaucoup d’espaces en non-mixité existent déjà de manière permanente, certains étant même soutenus par des collectivités.

Les personnes qui affirment que de tels espaces sont acceptables pour les femmes, mais pas pour les femmes racisées, sous-estiment grandement l’impact du racisme sur la santé mentale des racisé.e.s ; il est impératif de fournir des lieux de parole comme ceux que Nyansapo propose.

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Il ne s’agit pas d’y débattre comme certaines personnes non-concernées ont eu l’air de le penser, mais d’échanger avec des gens qui vivent la même chose, cet échange étant vital, comme une bouffée d’oxygène. 

Pour moi, les espaces en non-mixité posent actuellement problème car les gens qui s’en plaignent n’ont aucune idée de leur utilité, et sont aussi peu éduqués sur ce qu’est réellement le racisme, aujourd’hui : ils s’imaginent que parce que des minorités veulent se retrouver entre elles, elles font preuve de racisme.

Encore un exemple du fait qu’il faut rappeler, mettre à jour ce qu’est le racisme, car les non-concernés n’ont pas l’air de le comprendre!

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N. H-M. : À travers ton travail, vous êtes engagée dans ces questions notamment l’intersectionnalité. Comment mettez-vous vos talents au service de ton engagement ?

M. : Je reste à l’écoute de ce qui se passe, et quand je sens, comme pour ma dernière BD, que la vulgarisation par le dessin pourrait aider le débat public, je me mets au travail.

Sur le long terme, j’aimerais bien en faire une étude plus approfondie, et publier le fruit de ces recherches!

N. H-M. : La question de la réappropriation de ces sujets par les concernés est essentielle. Comment intègre t-on les non-concernés dans ces luttes?

M. : Nyansapo est l’exemple parfait : il y a des ateliers réservés aux concernés, mais aussi des débats et des conférences accessibles à tous, avant et après ces ateliers, où les luttes seront abordées par différentes personnes.

C’est l’occasion pour les non-concernés soucieux de s’impliquer d’en apprendre plus, et c’était au programme depuis le début !

Je suis pour ce genre de dualité, un espace entre concernés et un espace ouvert à tous, c’est à mon sens une bonne conciliation du désir d’échanger avec ceux qui vivent la même chose que nous, mais de faire aussi bouger les choses avec tous les acteurs.

Propos recueillis par Nadia-Henni Moulaï

Découvrez plus de ses créations sur le site de Maeril.

Raconter, analyser, avancer.

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